Sous couvert de sécurité ou d’écologie, certaines propositions récentes à l’Assemblée nationale — visant à taxer la chasse, l’achat d’armes légales ou les munitions au plomb — traduisent une logique punitive plus qu’une politique publique efficace.
Les groupes socialiste et écologiste multiplient les propositions de taxation autour de la chasse et des armes : taxe sur le permis pour les mineurs, taxe sur l’achat d’armes légales, et taxe sur les munitions contenant du plomb. Sous couvert de sécurité et d’écologie, ces amendements traduisent surtout une logique punitive qui frappe les citoyens respectueux de la loi au lieu de cibler les vrais problèmes.
Ces initiatives, portées notamment par les députés socialistes et écologistes, prétendent répondre à des préoccupations légitimes — la sécurité, la santé publique ou l’environnement. Mais derrière ces intentions se cache une logique bien connue : celle de la punition symbolique, de la suspicion systématique envers les citoyens respectueux des règles, et d’un mépris latent envers le monde rural et les détenteurs légaux d’armes.
Prenons d’abord la taxe sur le permis de chasser pour les mineurs. Présentée comme une mesure de prévention, elle revient en réalité à décourager les jeunes d’apprendre la chasse dans un cadre légal, encadré et formateur. Or, la formation des jeunes chasseurs est précisément ce qui garantit la sécurité et la transmission des bonnes pratiques. Faire payer davantage pour restreindre l’accès à ce loisir légal, c’est créer de la défiance plutôt que de la responsabilité.
Deuxièmement : la taxe sur l’achat d’armes des catégories C et D, censée financer les réparations liées aux “dégâts causés par des armes légales”. Le raisonnement est absurde. Les détenteurs légaux sont les plus contrôlés, les plus respectueux des règles et les moins impliqués dans les accidents graves. Les véritables problèmes viennent du trafic, du stockage illégal, des armes volées — non du citoyen en règle. En taxant tout le monde, on brouille la distinction entre usage légal et usage délictueux.
Enfin, la taxe sur les munitions au plomb est présentée comme écologique. Oui, le plomb pose des risques pour la faune ; mais la filière s’adapte déjà, notamment dans les zones humides où il est interdit. Au lieu de financer la recherche ou de soutenir la transition vers des alternatives, on préfère créer une taxe sans garantie d’efficacité environnementale. Résultat : une mesure symbolique, inefficace et perçue comme hostile à un monde rural déjà saturé d’obligations.
Ces propositions ont un point commun : elles ne résolvent rien, mais elles stigmatisent. Elles traduisent une défiance culturelle envers la chasse, le tir sportif, et plus largement envers une partie de la France qui vit différemment. Plutôt que d’opposer “ville morale” et “campagne suspecte”, il serait temps de faire confiance aux structures de formation, aux fédérations et aux clubs qui éduquent à la sécurité, à l’éthique et à la responsabilité.
Taxer n’est pas réformer c’est souvent masquer son impuissance à convaincre.
Taxer les jeunes, c’est décourager la responsabilité
La chasse, lorsqu’elle est pratiquée dans un cadre encadré et formateur, apprend la sécurité, la discipline et la connaissance de la nature. En renchérissant le coût du permis pour les mineurs, on ne protège personne : on prive simplement une génération d’un apprentissage responsable.
Plutôt que d’éduquer, on exclut. Plutôt que de prévenir, on pénalise.
Faire payer les détenteurs légaux : une injustice morale
La proposition d’instaurer une taxe sur les armes de catégories C et D pour “compenser les dégâts causés par les armes légales” est non seulement injuste, mais contraire à la logique même du droit. Les détenteurs légaux sont déjà contrôlés, enregistrés, formés. Ce ne sont pas eux qui alimentent l’insécurité ou les trafics.
Faire payer les citoyens en règle pour des dérives qu’ils ne commettent pas, c’est envoyer un signal dangereux : celui que la conformité à la loi devient suspecte.
L’écologie punitive n’est pas une politique environnementale
Quant à la taxe sur les munitions au plomb, elle illustre cette tentation constante de substituer la fiscalité à l’action. Oui, il faut réduire la pollution au plomb. Mais la transition est déjà engagée : la France interdit son usage dans les zones humides, et la filière développe des alternatives. Taxer ne fait pas évoluer les pratiques ; accompagner, former et soutenir, oui.
Le vrai clivage : confiance contre défiance
Ces amendements ne sont pas des mesures techniques : ils traduisent une vision du pays. D’un côté, celle d’une France qui croit à la responsabilité, à la formation, à la régulation intelligente. De l’autre, une vision méfiante, qui taxe d’abord et réfléchit ensuite.
La France rurale, les chasseurs, les tireurs sportifs, les collectionneurs d’armes légales ne demandent ni privilège ni passe-droit. Ils demandent simplement le respect et la reconnaissance de leur engagement pour une pratique sûre, encadrée et conforme à la loi.
Taxer la légalité n’a jamais réglé l’illégalité. Il est temps de redonner à la politique publique son vrai sens : protéger sans stigmatiser, encadrer sans punir, faire confiance plutôt que suspecter.
| Argument des socialistes / écologistes | Contre-argument |
| Une taxe sur le permis de chasser pour les mineurs dissuadera les adolescents de manipuler des armes. | Le permis de chasser est déjà soumis à un encadrement strict et à une formation obligatoire. Taxer revient à exclure les jeunes des filières responsables et à fragiliser la prévention. |
| Les détenteurs d’armes légales doivent contribuer financièrement aux “dégâts causés par les armes” | Les armes légales ne sont pas la cause principale des accidents ou crimes ; les détenteurs sont formés, suivis, contrôlés. Taxer le respect de la loi est injuste et inefficace. |
| Taxer les munitions au plomb permettra de financer la lutte contre la pollution. | Une taxe ne nettoie rien : elle pénalise sans orienter. Mieux vaut financer la recherche sur les substituts, soutenir la transition technologique et renforcer le contrôle des zones sensibles. |
| Ces taxes sont symboliques : elles affirment une responsabilité collective. | responsabilité collective. Le symbole importe peu si la mesure rate sa cible. Une politique publique efficace repose sur la prévention, la formation et la responsabilisation, pas sur la punition fiscale. |
| Il faut faire payer ceux qui portent une responsabilité potentielle. | potentielle. En démocratie, on taxe l’usage nuisible, pas l’usage légal. Le principe de précaution ne doit pas devenir un prétexte à la stigmatisation. |
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